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D'UN TROPIQUE A L'AUTRE... Carnet de voyage d'une tribu prête pour de nouvelles aventures... au Maroc !
8 mai 2011

Hammam حمّام

 

DSC02218

 

حمّام , ou hammam signifie : eau chaude

Au Maroc, le hammam reste un phénomène social au coeur de la médina. 
Nous connaissions l'une et l'autre le luxueux Hammam de Nantes et nous tenions à découvrir l'ambiance d'un hammam de quartier. Ces bains publics souvent montrés dans les films comme des lieux de volupté et de jouissance, décorés de faiences et de colonnes n'existent pas dans le quotidien de la grande majorité des habitants d'une médina. J'avais déjà eu l'occasion de le vérifier et c'est certainement ce que j'en avais raconté qui avait éveillé la curisoité de mon amie. 

Nous avons demandé à notre hôte s'il était possible de se rendre au hammam du quartier. Très arrangeant, il organisa l'affaire. Une employée de la maison fut sollicitée pour nous accompagner avec une seule recommandation : "tu fais tout ce que tu peux pour bien t'occuper d'elles" (je suis incapable de vous l'écrire en arabe... dommage!)

Comme vous pouvez le voir sur la photo, l'entrée du hammam n'est pas signalée aux touristes... La porte est grande ouverte et un rideau plastique masque le vestiaire aux yeux des passants.
La jeune fille qui nous accompagnait, après avoir salué l'assemblée des femmes, commença par marchander fermement notre tarif d'entrée. Argumentant qu'elle allait s'occuper de nous et qu'il n'y avait pas besoin de payer la "masseuse maison" pour le faire. Il était évident que nous aurions donc à la "remercier" directement pour l'attention qu'elle allait nous porter.  Nous étions parties pour nous soumettre à ses ordres et à ses soins sans savoir ce qui allait nous arriver ni quels besoins seraient comblés, c'était assez déconcertant et nous l'avons pris comme un amusement. 

Nous nous regardions en complices afin de ne pas faire ce que nous avions l'habitude de faire au hammam français et de simplement suivre celle qui se chargeait de nous. Elle se déshabilla promptement. Il nous restait à en faire autant avant de la suivre dans la première salle. Prenant au passage une collection de seaux en plastique, elle nous entraina dans la troisième pièce, la plus chaude, celle d'où s'élève la vapeur. 
Là, éclaboussant le sol afin de le nettoyer, elle nous fit signe de nous y assoir. Dans le salle, ni muret, ni banquette. Avec la vasque d'eau bouillante pour seul décor, l'endroit est d'une simplicité exceptionnelle.

Alors, commença la ronde des seaux, de l'eau chaude et de l'eau froide. Dans ce hammam, chaque femme se "protège" derrière ses seaux. Ainsi dans la salle "moyenne" où les gens passent le plus de temps, on peut voir deux rangées de seaux au milieu desquelles il est possible de circuler. Les femmes sont assises entre leurs seaux et le mur, comme derrière un fragile rempart.

Pendant que les préparatifs nous échappaient, j'essayais de capter intensément tout ce qui était à prendre. Tout près de nous une femme s'occupait d'un enfant. Sans tenir compte de ses hurlements, elle le frottait activement. Fermement maintenu sur ses larges cuisses, elle le lavait, le récurait sans ménagement tandis qu'il ne cessait de crier "mama, mama". Sitôt le dernier rinçage effectué, une femme est venue récupérer le petit, l'envellopant dans une serviette pour le sortir vers le vestiaire. J'ai imaginé que sa mère l'avait "déposé" pour le faire laver... 

Notre tour arriva.

Avec un mélange de sel, de henné et de savon noir, le cérémonial du jour commençait par un gommage. Le gant pris le relais, beaucoup moins tendre. C'est un gant synthétique dont les petits picots grattent en profondeur, débarrassant la peau de tous ce qui peut "l'étouffer". 

Peu habituée à "subir" ce pourquoi je n'ai pas été informée, j'aurais apprécié un peu plus de liberté, d'autant plus que nous étions deux françaises et que nous pouvions parfaitement nous débrouiller. Mais le message était clair, il fallait faire le meilleur pour nous et le meilleur était certainement ce que la jeune fille nous concoctait....

Ainsi, nos cheveux furent lavés, brossés, relavés, passés au rhassoul, relavés, rebrossés.
Ainsi, des seaux entier furent déversés sur nos têtes, chauds, tièdes, chauds.
Ainsi vint le massage.

Abondamment savonnée afin de faciliter la glisse des mains de la jeune fille et de sa soeur, allongée à même le carrelage, tournée et retournée au gré de leur impulsions, j'ai été massée en profondeur et précisemment. Etonnante sensation.

La salle tiède m'attendait. Assise à côté d'A-S, nous avons assisté à une scène de vie inimaginable dans un hammam occidental où tout est volontairement "luxe calme et volupté". Soudain, une femme s'est dressée, attaquant sa voisine avec hargne. D'autres se sont levées, les coups sont partis. Les corps brillants et moites se rencontraient provoquant des bruits mats tandis que les voix s'élevaient aïgues et courroucées. Des curieuses sont venues du vestaire, habillées et chaussées, cherchant à provoquer l'apaisement, tandis que les autres femmes, nues derrière leur rempart de plastique continuaient leur bain comme si de rien n'était. La bagarre s'est poursuivie dans la salle froide et c'est alors que nous sommes posé la question de savoir si nous n'étions pas, nous les françaises, à l'origine de ce charivari. On nous a dit que non... En constatant le calme de l'assemblée, il y a fort à parier que les bagarres sont monnaie courante dans ce lieu de promiscuité féminine.

...

Enfin, après un ultime rincage, notre compagne nous conduisit vers la sortie et la "salle de repos" où sa maman nous a rejoint. Elle retourna achever ses ablutions pendant que nous nous sommes séchées.

Un peu étourdies, parfaitement lisses et propres, nous avons retrouvé la vie de la rue, puis le calme du ryad. 

Autant dire que nous avons très, très bien dormi la nuit suivante.

Nous souhaitions absolument vivre cette expérience pendant notre séjour. C'était formidablement bon.

***

Je confirme que ce lieu a bien peu de ressemblances avec les hammams que nous pouvons fréquenter en France...
D'ailleurs, j'ai plutot entendu les femmes du quartier parler des "bains".
Bien loin de ces lieux de détente que je connais ici (où parfois un massage est proposé, ou encore un thé à la menthe, où le silence est demandé, où les enfants et les femmes enceintes sont interdits d'entrée), dans ces "bains publics", il y a des cris d'enfants, on y parle fort, et comme l'a décrit joelle, les bagarres ne semblent pas exceptionnelles ! Je revois cette femme, remettant rageusement sa culotte, puis fouinant avec la même rage, après s'être levée, sa trousse de toilette afin d'en sortir l'objet (certainement pas le plus tendre !) qui irait frapper son adversaire !

C'est un lieu que l'on fréquente par nécessité avant tout : celui se de laver.

Une image parmi d'autres, dans la salle la plus chaude : Une femme à ma droite frotte l'enfant de son amie ou voisine, parfaitement indifférente aux cris du petit. Un peu plus loin, une femme verse de l'eau sur ses longs cheveux bruns à l'aide d'un petit seau, pendant qu'une autre isolée dans un coin, se rase, tournée vers le mur afin de préserver son intimité... A notre gauche, le défilé des femmes qui viennent remplir leurs seaux d'un mélange d'eau bouillante (beaucoup !) et froide (peu !).

Ces femmes sont les femmes voilées croisées au gré des ruelles de la médina, juste de l'autre côté du rideau en plastique...

(anneso0405)


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Commentaires
L
Miam miam Hammam mesdames !<br /> Je vous y vois toutes deux, je devine d'ici vos oeillades ! merci du partage, je voyage un peu avec vous en vous lisant ...
A
J'ai lu ton billet en souriant... laissant les souvenirs remonter...<br /> :-))))
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